Origine et histoire du Menhir de L'Ouche-à-l'Hôte
Le menhir de Charmeau, parfois orthographié Charmot, se trouve à Broye (Saône‑et‑Loire). Il a été découvert en 1889 dans la parcelle dite de l'Ouche de l'Hôte, à environ 120 mètres au sud et en contrebas de sa position actuelle, lorsque M. Ramoussy butait avec sa charrue sur la pierre lors des labours. Il tenta de la faire sauter à l'explosif puis, pour l'extraire, fit appel à huit paires de bœufs car la pierre était enfoncée en biais jusqu'à un mètre de profondeur ; elle fut ensuite déplacée en bordure du champ. Les anciens villageois savaient par ailleurs qu'il existait deux grandes pierres espacées de 30 à 40 mètres, renversées et enterrées au début du XIXe siècle. Le maire souhaita acquérir la pierre pour décorer son parc tandis que la Société éduenne la réclamait pour son musée lapidaire, mais M. Ramoussy, conscient de son intérêt, décida de la conserver et envisagea de la redresser près de sa maison ; faute de moyens, elle resta provisoirement au bord du champ. Le redressement fut réalisé en octobre 1913 grâce à l'intervention de Victor Berthier, président de la Société d'histoire naturelle d'Autun, et au concours technique d'Eugène Schneider, maître de forges du Creusot. Le menhir a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 23 juillet 1914.
Le monument est un bloc monolithique en gneiss à gros micas noir, roche d'origine locale que l'on retrouve au pied du Mont Jenot, situé à moins de 900 mètres à l'est. Il mesure 4,65 mètres de hauteur et son poids est estimé à environ 14 tonnes. Une photographie de 1913 montre que la base a été brisée et que la partie basse manque aujourd'hui ; la surface de la pierre a été régularisée par bouchardage. La face ouest porte des gravures visibles en lumière rasante : à environ 2,50 mètres de hauteur se lit une lame de hache à talon pointu longue de 45 centimètres, délimitée par un piquetage très régulier, et près du sol, sur la partie manquante du menhir, apparaît une représentation anthropomorphe très schématique composée de deux bras levés au‑dessus d'un trait vertical se courbant à 90 degrés vers la gauche. Le motif de la hache est fréquent sur les mégalithes bretons et charentais, et la figure anthropomorphe stylisée rappelle des représentations visibles dans le Val Camonica et le Valais, datées de 4000 à 3500 av. J.-C. À l'origine, le menhir était dressé sur une rupture de pente au pied du Mont Jenot, près du carrefour entre deux voies naturelles ; à quelque 150 mètres à l'ouest se trouve une ancienne piste, considérée comme gauloise mais sans doute plus probablement préhistorique, jalonnée de nombreuses stations néolithiques, qui venait de l'actuel Autun et rejoignait la vallée de la Guye au sud.